La princesse qui aimait les insectes

2019

« La princesse qui aimait les insectes » figure parmi les dix nouvelles du recueil japonais des « Contes du conseiller de la digue » (Tsutsumi Chūnagon monogatari – 堤中納言物語) en partie écrit à la fin de l’ère Heian (794-1185). Le récit y décrit l’étrange attitude d’une jeune fille qui se moque des conventions mondaines de la cour impériale: cette excentrique se laisse voir des hommes inconnus, à l’encontre de toute bienséance, et n’attache guère d’importance à soigner son apparence physique. Qui plus est,  au grand regret de son entourage, la princesse en question se passionne pour les insectes et chenilles, dont elle aime observer les métamorphoses…

Pour ce texte, aux accents satyriques et philosophiques, David Balade propose ainsi une série d’une dizaine d’illustrations inédites inspirées de l’art du « Yamato-e », ou peinture d’essence spécifiquement japonaise, et plus particulièrement des « e-makis » , ces rouleaux peints qui illustrent divers aspects de l’imaginaire et de la vie quotidienne à l’époque Kamakura (1185-1333) .

« A côté de la demeure d’une demoiselle qui aimait les papillons, habitait la fille d’un Grand Référendaire-Inspecteur des provinces. Les soins dont l’entouraient ses parents étaient admirables autant que peu communs.

Cette demoiselle prétendait que les gens qui « s’extasient devant les fleurs et les papillons ont un esprit superficiel et vulgaire, alors que l’être humain qui recherche avec sincérité la vraie nature des choses, celui-là, en vérité, fait preuve de dispositions magnifiques », et elle collectionnait toutes sortes d’insectes plus effrayants les uns que les autres. « Voyons comment celui-ci va se développer ! » disait-elle, tandis que sa noble main enfermait les bestioles dans différentes boîtes confectionnées à cet effet. Parmi tous ces insectes, elle trouvait que les chenilles, desquelles émanait une telle impression de sagesse, étaient d’une raffinement incomparable. Jours et nuit, rejetant ses cheveux derrière les oreilles, elle étendait les chenilles sur sa main et n’avait d’yeux que pour elles…« 

Extrait des Contes du conseiller de la digue :

La jeune fille de bonne famille qui aimait les insectes

Traduits du japonais par Renée Garde

Editions Philippe Picquier, mars 2001,

ISBN 2-87730-535-X

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